top of page

IT’S A VERY BEAUTIFUL DAY

Year:

2025

PROJET À VENIR.

Le 10 juin 2024, nous présentions notre série “Champ de foire”, portraits et témoignages de 17 descendantes et descendants du massacre d’Oradour-sur-Glane, à l’occasion des commémorations nationales des 80 ans du massacre d’Oradour. Cette immersion au long cours avec nos protagonistes radounauds et ses conséquences sur notre rapport à la mémoire traumatique ont changé à jamais notre vision du passé et notre regard sur le présent.
Un présent inquiétant et incertain, un présent comme un flux incessant qui nous happe et que l’on tente d'appréhender.

Le 13 octobre 2024, en résidence de création dans la préfecture d’Hiroshima au Japon, nous décidons pour la première fois de nous confronter à la grande ville d’Hiroshima et à son histoire. Ce que nous envisagions comme la suite de notre exploration des “villes mémoire” s'est révélé être une tout autre expérience.

Nous n’attendions rien d’Hiroshima, nous voulions simplement voir, nous et notre bagage mémoriel sur les épaules. Comme nous avons franchi le muret d’Oradour, nous franchissons le seuil de la gare d’Hiroshima.

Un frisson nous saisit, puis, un tremblement à l’intérieur. Une sensation inattendue traverse notre corps à la vue du ciel. Un ciel immense et bleu. Un bleu si profond qu’il pourrait nous engloutir tout entier. Si profond qu’il en devient inquiétant. On regarde le ciel avec l’étrange impression que c’est lui qui nous scrute. À tout moment notre esprit malade de son savoir voit dans ce ciel l’éclair jaillissant de l’Enola Gay, qui, 79 ans plus tard, reviendrait pour finir son funeste dessein.

Quelques minutes plus tard, notre premier message envoyé à une amie chère en France sera : “Mais j’ai eu comme un frisson en sortant de la gare. Du coup je prends des photos du ciel qui est très très très bleu.”

Sur cette terre les sensations remplacent les mots, la modernité remplace les ruines, le bleu remplace le gris, les fleurs remplacent les bombes. Tout ou presque a disparu, seul reste le ciel, qui lui semble inchangé.

En 1994 le dramaturge Ron Destro prépare une pièce intitulée Hiroshima pour Broadway à l’occasion des 50 ans de commémoration de la fin de la guerre. Il demande alors à Yoko Ono, qui a vécu au Japon, enfant, durant le conflit, de composer une chanson pour la pièce. Elle composera pour l’occasion le morceau “Hiroshima sky is always blue”.

Marquée par ses souvenirs, elle dira dans le numéro de septembre 1995 du magazine japonais Bungei Shunjū : "Ideas swirled in my head as I entered the recording studio, but it was the imagery of 'Hiroshima Sky is Always Blue' that came immediately to the fore." - “ Je suis entrée en studio avec plein de choses en tête. Et instantanément, l’image de Hiroshima Sky is Always Blue m’est apparue.”

Le 6 août 1945, Robert Alvin Lewis, co-pilote à bord de l’Enola Gay, superfortress américaine en charge de larguer la bombe atomique sur Hiroshima, tient un journal de bord adressé à ses parents. Il écrira à propos de la météo à Hiroshima ce jour là :

“It’s a very beautiful day” - “C’est une très belle journée”

La série “It’s a very beautiful day” se compose de vues du ciel capturées le 13 octobre 2024 dans les rues d'Hiroshima sur lesquelles on distingue les silhouettes floues de passants et de fleurs du Peace Memorial Park. Les images s'accompagnent de morceaux de tissus indigo glanés dans la préfecture, brodés à la main.

  • Instagram - Cercle blanc
  • Facebook - White Circle
bottom of page